Eco-quartiers.fr - Le blog - Novembre 2013 - Rencontre avec: Franck Vogel et "les premiers écologistes": les Bishnoïs 1/2

C’est un peuple méconnu qu’a redécouvert il y a maintenant six ans le photographe et reporter Franck Vogel. Les « premiers écologistes », c’est peut être ainsi que vous avez déjà entendu parler d’eux. Les Bishnoïs sont reconnus mondialement suite aux différentes publications du...

Rencontre avec: Franck Vogel et "les premiers écologistes": les Bishnoïs 1/2

planter un arbre chaque année
C’est un peuple méconnu qu’a redécouvert il y a maintenant six ans le photographe et reporter Franck Vogel. Les « premiers écologistes », c’est peut être ainsi que vous avez déjà entendu parler d’eux. Les Bishnoïs sont reconnus mondialement suite aux différentes publications du photographe, vous avez pu croiser leurs visages dans le métro à Paris, dans des magazines comme Géo, où bien à la télévision lors de la diffusion du documentaire, « Rajasthan l’âme d’un prophète », en 2011 sur France 5. Ils sont discrets, et le monde entier les a pourtant salués comme un exemple à suivre. Un exemple menacé par l’évolution du monde, et que des initiatives individuelles ont pu sauvegarder.

Les premiers écologistes


Depuis plusieurs  centaines années, il est un peuple qui respecte la nature au point d’en faire une religion. Dans le désert du Thar, au Rajasthan, dans l’Ouest de l’Inde, ce sont les Bishnoïs, ils sont environ 800 000.
C’est au 15e siècle qu’ils sont apparus. A leur origine, un guru : Jambeshwar Bagavhan,  communément appelé Jamboji. Il a édicté vingt-neuf règles en 1485, qui sont à l’origine de cette branche de l’hindouisme.  En effet, en hindi, vingt se dit « bish », et neuf « noï », tout simplement.
Parmi ces commandements, des préceptes d’hygiène, de comportement, et des rapports avec la nature très encadrés. Ainsi, on ne peut tuer d’animaux sauvages dans cette communauté, une protection qui s’étend jusqu’aux insectes. On ne peut pas non plus tuer « d’arbres verts », c'est-à-dire qu’on ne peut utiliser que le bois mort. Au-delà même du respect des animaux et de la nature, c’est leur protection qui est une obligation pour les Bishnoïs : ils doivent être prêts à donner leur vie pour la nature.

Protéger la nature à tout prix

Ainsi, en 1730, l’un des épisodes marquants de l’histoire Bishnoï est le « Massacre de Khejadli ». C’est l’unique exemple de l’histoire humaine où des hommes ont donné leur vie pour protéger des arbres.
A l’époque, le roi de Jodhpur avait décidé de faire des travaux dans son palais, parmi lesquels un ravalement de façade nécessitant de la chaux, donc des fours à chaux. Il envoya son armée chercher le bois nécessaire tout autours de ses terres, et notamment sur le territoire Bishnoï. Ceux-ci, voyant les soldats couper des arbres, leur demandèrent d’arrêter, et n’obtenant pas satisfaction, enlacèrent les arbres de leurs bras. Les soldats continuèrent malgré tout leur besogne, et ce n’est qu’après 363 victimes que le roi eut vent de leur sacrifice. Il demanda l’arrêt sur le champ de l’abatage des arbres, et décréta en signe de respect et de contrition que le territoire des Bishnoïs est sacré, et que toute personne étrangère à leur religion se doit d’en respecter les préceptes. Aujourd’hui encore, certains lieux bénéficient de cette protection.

Résister à la désertification

Au-delà des vingt neuf préceptes, Jamboji a enseigné au peuple Bishnoï la construction de dunes. Chaque année, la communauté se rassemble à l’occasion de grandes fêtes religieuses, à Jamba notamment, et va déverser de la terre sur la dune qui protège maisons, arbres et cultures du vent du désert. Cette dune fut créée à l’instigation de leur guru, et les Bishnoïs honorent cette tradition depuis, luttant depuis des siècles contre l’avancée du désert.

La première des « éco taxes »

Dans la mise en pratique de leurs préceptes religieux, les Bishnoïs pourraient être considérés comme les inventeurs de l’écotaxe. Effectivement, 10% de leurs récoltes sont destiné à la protection de la vie sauvage. Les bêtes sauvages sont par ailleurs libre de paitre dans les champs et cultures des Bishnoïs.

Aujourd’hui, de plus en plus de Bishnoïs rejoignent la ville, mais ils continuent pour beaucoup à honorer leurs préceptes religieux, comme par exemple planter un arbre par an. Pourtant, peu à peu, certaines pratiques ont été altérées par les évolutions du monde moderne.
Suite : Voir 2/2 (publication le27/11)

Pour plus d'images et d'informations:
Site du photographe Franck Vogel:
http://www.franckvogel.com/
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