Eco-quartiers.fr - Etudes de cas - La Duchère

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Lyon - Rhône (69) : La Duchère

Projet en cours de réalisation
Grand Projet de Ville (2003-2016) Convention avec l’ANRU (2005-2013) Phase intermédiaire du projet (2003-2010)

La Duchère
Site : La Duchère – quartier Zone Franche Urbaine (ZFU) construit en 1960 et situé dans le 9ème arrondissement de Lyon, entre les plateaux de l’ouest lyonnais et la vallée de la Saône. Il comporte plusieurs secteurs : Sauvegarde, Balmont, Plateau et Château.
Superficie : 120 hectares
Programme : 1600 logements démolis, 1600 logements reconstruits, réhabilitation du patrimoine existant, nouveaux équipements publics (gymnase, bibliothèque, maison des fêtes, écoles, nouvelle halle d’athlétisme, etc.), réaménagement du Parc du Vallon, 23 000 m² de locaux d'activités (tertiaires) créés d'ici 2013, 8 000 m² de surfaces commerciales créées sur le Plateau
Procédure : Zone d’Aménagement Concerté unique, Concession d’Aménagement pour le groupe SERL
Calendrier : Grand Projet de Ville (2003-2016) Convention avec l’ANRU (2005-2013) Phase intermédiaire du projet (2003-2010)
La Duchère
Maîtrise d'ouvrage : Mission Grand Projet de Ville Lyon La Duchère (management projet)
AMO DD/HQE : TRIBU
Equipe de maître d'oeuvre : Atelier des paysages Alain et Sonia Marguerit / Atelier Bernard Paris et associés / Pascal Gontier (architecte) / Bernard Martelet (coloriste)
Promoteur / Constructeur :

Les enjeux

« Naturellement Lyon : des grands ensembles à l’éco-quartier, un Grand Projet de Ville »
Les objectifs pour La Duchère rejoignent les enjeux formalisés dans le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS), signé en juin 2007 entre l’Etat et le Grand Lyon, un document stratégique « élaboré par les partenaires locaux, définissant le projet urbain et social qu’ils s’engagent à mettre en œuvre pour réduire les écarts de développement entre les territoires prioritaires et leur environnement » (Délégation Interministérielle à la Ville). Ces enjeux sont au nombre de 9 : améliorer le cadre de vie au quotidien, encourager une diversité de l’habitat, améliorer et diversifier les fonctions urbaines, adapter l’offre de services aux publics, favoriser la réussite éducative, développer l’activité économique et l’accès à l’emploi, dynamiser le quartier par la culture et la création artistique, améliorer la tranquillité, partager le projet et construire le dialogue avec les habitants.

L’enjeu d’encourager une diversité de l’habitat est l’un des axes centraux pour le Grand Projet de Ville de La Duchère, étant donné la grande majorité de logements sociaux (80%) du quartier, qui ne permettait alors pas de garantir aux habitants des trajectoires résidentielles qualitatives. L’ambition est de rééquilibrer la donne, avec un rapport logements publics/privés à 60%/40%.

Par ailleurs, trois idées fortes structurent le projet : réunir autour d’un centre de quartier (création d’un passage nord-sud, de l’esplanade du Plateau et de nouveaux équipements), améliorer les liens entre La Duchère et les communes avoisinantes (boulevard est-ouest, axes structurants), valoriser les qualités paysagères du site (parc du Vallon, les Balmes, etc.). 

En outre, le développement durable est un paradigme fort pour le GPV, permettant à la fois de rénover le quartier et de l’intégrer dans la logique métropolitaine lyonnaise. Le slogan du projet est d’ailleurs porteur de sens : La Duchère, « naturellement Lyon ». 

Pour finir, La Duchère peut être considéré comme un véritable éco-quartier grâce à une rénovation urbaine prenant en compte les dimensions de la mixité, de l’environnement, de la sobriété énergétique, de la participation citoyenne, etc. thématiques que nous aborderons plus en détail dans la suite de cette analyse.

Le ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement a d’ailleurs récompensé La Duchère dans le cadre de son appel à projets EcoQuartiers 2011, au sein du « palmarès territoires stratégiques – renouvellement urbain », catégorie « rénovation de quartier ». La Communauté Urbaine du Grand Lyon est ainsi lauréate de ce prix EcoQuartiers 2011 aux côtés de la ville de Mulhouse (pour Mulhouse-Wolf-Wagner).  
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Le projet

Un quartier emblématique de la Politique de la Ville
La Duchère est l’un des quartiers emblématiques des programmes de Politique de la Ville. Construit en 1960 et inscrit dès 1986 dans la démarche DSQ (développement social des quartiers), il connaît pendant plusieurs décennies le déclin démographique, la précarisation et la paupérisation croissante de ses habitants, et le vieillissement rapide des « barres », menant progressivement à la rupture avec le reste de la ville.

Pourtant, de nombreux projets lancés tout au long des années 90 marquent les esprits et la vie politique locale (Programme pluriannuel développement solidarité en 1990, reconduction de la charte DSQ en 1991, contrat de ville en 1994, programme volontariste « 80 mesures pour la Duchère » d’Henry Chabert, adjoint à l’urbanisme de Raymond Barre en 1998, démolition de la « barre 200 » en 2001, etc.), sans toutefois permettre un traitement à la fois urbain, social et économique du quartier. Ces projets consistent en effet plutôt en des opérations ponctuelles de réhabilitation qu’en une requalification en profondeur.
 
Avec la loi Borloo de 2003 et la création de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU), l’opportunité se présente de développer un véritable projet de démolition/reconstruction et de rénovation urbaine, permettant de lier développement territorial et développement social. Le quartier de La Duchère est ainsi retenu dans le PNRU (programme national de renouvellement urbain) en 2003 et poursuit le Grand Projet de Ville entamé en 2001 (qui concerne trois autres sites : Rillieux-la-Pape, Vaulx-en-Velin et Vénissieux) en lui donnant une nouvelle cohérence.
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Offrir une qualité de vie renouvelée

BIEN-ETRE // De manière générale, la destruction des barres a permis de remplacer la densité verticale par une densité horizontale optimisée, afin de retrouver une « architecture à taille humaine » (les constructions neuves ne dépassent pas 7 étages). Les entrées sont positionnées directement sur la rue, les parkings sont en sous-sol, permettant de libérer l’espace public, et le plus souvent, les logements sont équipés de terrasses ou de balconnets.

Un dispositif global en faveur des anciennes copropriétés a également été mis en place (Plan de sauvegarde de la Tour panoramique ; Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat OPAH sur trois sites : Le Château, les Erables, La Chaumine ; Programme d’Intérêt Général sur neuf sites à Piémente et à Balmont ; de l’intervention publique sur les espaces extérieurs dans le cadre de la Gestion Sociale et Urbaine de Proximité GSUP). L’objectif est de maintenir leur valeur immobilière, de faire face au vieillissement du bâti et de répondre aux enjeux du développement durable par une promotion des travaux vecteurs d’économies d’énergie. Ces dispositifs ont notamment permis de lancer des travaux de plus de 3,7 millions d’euros pour rénover la Tour panoramique, le plus haut immeuble d’habitation de Lyon (plus de 90 mètres de haut), qui donne au quartier une identité particulière.

En outre, les prix des logements sont abordables : ceux concernant les programmes neufs sont parmi les moins chers de Lyon, grâce à un foncier vendu aux promoteurs à un prix inférieur au marché.

Sur le programme de reconstruction de la première phase (2003-2010), on observe une grande typologie de logements s’adaptant aux besoins de chaque ménage : 36% de logements en accession, 21% en locatif libre ou intermédiaire, 28% de logements sociaux, et 15% de logements étudiants, du T1 au T6. Des résidences services pour personnes âgées sont également prévues.

DIVERSITE // Pour éviter la spécialisation résidentielle qui a prévalu dans les quartiers de grands ensembles jusque dans une période récente, le Grand Projet de Ville a développé, outre une nouvelle offre de logements, de nombreux nouveaux équipements : bibliothèque, halle d’athlétisme, gymnase, maison des fêtes, écoles, rues commerçantes au sein de l’esplanade du Plateau, nouveaux locaux d’entreprises, etc. Ces équipements répondent aux besoins identifiés, et anticipent ceux du futur, pour favoriser le bien-vivre ensemble sur le long-terme.

31% de la population de La Duchère a moins de 25 ans : ce constat a amené le Grand Projet de Ville à proposer des services concernant la réussite éducative des écoliers et étudiants, via la restructuration du groupe scolaire Les Géraniums, la mise en place d’une équipe dédiée, un dispositif « veille éducative » et des lieux d’accueil des parents dans les écoles.

Des éléments de mémoire ont été sauvegardés, permettant de donner au quartier une identité qui conserve des traces de son passé tout en offrant un cadre de vie renouvelé : la tour panoramique (François-Régis Cottin), l’immeuble des Erables (Jean Dubuisson), les églises du Plateau (toujours de François-Régis Cottin), ou le lycée de la Martinière.
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Recréer du lien et du sens

MIXITE //  L’opération de démolition/reconstruction a permis de rééquilibrer une offre de logements peu diversifiée (présence majoritaire de logements sociaux) au profit des logements privés.

Cependant, la mixité a été pensée à l’échelle métropolitaine, puisque la reconstruction des logements sociaux détruits a été effectuée sur l’ensemble de la ville de Lyon, et pas seulement au sein du périmètre de La Duchère. Sur la première phase de reconstruction, 1062 logements ont été construits, dont 41 % en accession, 26 % en logement social, 20 % en locatif libre ou intermédiaire, et 13 % en logement étudiant dans l’objectif d’offrir de nouveaux logements adaptés à tout type de population, et d’offrir aux ménages duchérois la possibilité d’effectuer des parcours résidentiels acceptables (de vastes opérations de relogement ont été lancées suite aux démolitions, elles ont concerné 605 familles en 2003-2004).

MOBILITE // Le quartier de La Duchère n’est pas un quartier sans voitures. L’enjeu en termes de mobilité était plutôt de désenclaver le secteur, isolé du reste de la ville du fait d’une construction rapide, « au chemin de grue », comme on a pu le voir sur de nombreux sites de grands ensembles. Centrale, la création du boulevard Est-Ouest permet de rétablir une liaison entre le plateau de l’ouest lyonnais et la vallée de la Saône. Le boulevard autorise par contre une circulation tous modes de déplacements entre les différents secteurs de la Duchère (même si une voie en site propre est prévue pour les bus).

L’aménagement du parc de Vallon permet d’instaurer une liaison piétonne à l’échelle du quartier. En outre, 3 stations de vélos en libre-service Vélo’v ont été installées, et un parc relais pour favoriser l’intermodalité et le report vers les modes doux devrait voir le jour.

PARTICIPATION // Bien qu’aucune forme de concertation n’ait été mise en place jusqu’en 2004 (à part des programmes d’information), afin de faire démarrer rapidement le projet, l’année 2005 a marqué un tournant dans la stratégie participative avec une opération de concertation intitulée « Pour moi, La Duchère… » (août 2004-février 2005). Elle a permis aux habitants d’enrichir le Grand Projet de Ville de plus de 252 propositions, retranscrites à travers 60 engagements pris par les élus de Lyon et du Grand Lyon. En septembre 2005 a par ailleurs été lancé un Comité de suivi participatif du projet, qui se réunit quatre fois par an et est composé d’élus, de techniciens, d’habitants et de représentants de la société civile (ces deux derniers corps représentant 22 personnes sur une trentaine). Ce Comité veille notamment au suivi des 60 engagements, et fait remonter les demandes et interrogations des habitants au fur et à mesure de l’avancée du projet. Il a par exemple été consulté pour l’aménagement du Parc du Vallon, de la place centrale et du square Averroès, ainsi que pour la dénomination des rues, dans le cadre du Conseil de Quartier.

Une « enquête audiovisuelle » a par ailleurs été menée, permettant d’interviewer 110 personnes sur le projet. Cette enquête s’est transformée en un film documentaire, projeté régulièrement à la Maison de Projet de La Duchère, qui constitue le point d’information central du projet (maquette, publications, accueil physique, etc.).

Comme pour la plupart des éco-quartiers, un site Internet qui présente l’avancée du chantier et explicite les démarches permet par ailleurs une information régulière, « La Duchère, naturellement Lyon » (http://www.gpvlyonduchere.org/index.php).

D’autres outils de concertation sont mobilisés : l’enquête téléphonique annuelle « Enquête Ecoute Habitants », les Commissions « cadre de vie » en marchant (déclinaison de la méthodologie du « diagnostic en marchant », etc.).
Les habitants sont donc largement consultés dans le cadre du Grand Projet de Ville.

ACTIVITES // En ce qui concerne les activités, les dimensions sociale et économique du développement durable ont davantage été favorisées par rapport à la dimension environnementale.

Si les circuits courts n’apparaissent pas comme une pierre angulaire du projet, l’économie sociale et solidaire est par contre largement mobilisée. L’insertion par l’activité économique (IAE) est en effet encouragée à travers l’intégration de la clause d’insertion dans les marchés publics mais également celle de la clause d’embauche locale dans le cadre de la classification de La Duchère en Zone Franche Urbaine. En outre, de nombreux services de proximité ont été créés, tels que la Maison de la Création d’Entreprise, installée depuis 2007 à La Duchère, ou la coopérative d’activités Talents 9, qui permet aux entrepreneurs de tester la faisabilité de leur projet.

Plus généralement, l’accès à l’emploi et à la formation des habitants est un objectif économique fort, avec la présence d’un pôle de services de la Maison de l’Emploi et de la Formation (MEF) de Lyon. Enfin, le programme du projet prévoit de renforcer l’offre immobilière à destination des PME, et la Zone Franche Urbaine a permis d’offrir de nombreux avantages (exonérations sociales et fiscales) aux entrepreneurs qui souhaitaient investir sur le territoire.
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Imaginer un nouveau rapport avec la nature

SOBRIÉTÉ // Une consultation des promoteurs-concepteurs a permis en 2004 d’axer les démarches de construction neuve sur la Haute Qualité Environnementale. Si le PLU et les référentiels du Grand Lyon imposaient déjà de nombreux éléments (réalisation des aires de stationnement résidentielles en sous-sol, minimum d’espaces végétaux à l’échelle de l’îlot, exigences supérieures à la RT2005, etc.), les nouveaux programmes intègrent en plus, pour certains, le chauffage urbain biomasse, des terrasses végétalisées, des récupérateurs d’eau pluviale, un éclairage naturel des parties communes, l’isolation par l’extérieur, des bacs de tri intégrés aux cuisines, la démarche chantier à faibles nuisances, etc.

BIODIVERSITE // Le parc du Vallon est le projet central de la rénovation urbaine de La Duchère en termes de biodiversité. Il sera totalement réaménagé dans le cadre du Grand Projet, et il offrira plus de 10 hectares aux habitants de La Duchère, de Vaise et Ecully, permettant de relier le quartier aux communes et aux autres quartiers. Il est appelé à devenir l’un des grands parcs urbains de l’agglomération lyonnaise. 3 ambiances structureront le parc : au nord, « jardinée », au centre, « champêtre » (grandes prairies et ancien ruisseau remis à l’air libre), et au sud, « romantique ».

DURABILITE // Grâce à la certification de la Direction des Espaces Verts de Lyon en ISO 14 001 depuis 2005, les espaces verts de La Duchère seront traités durablement, comme ceux du reste de la ville : pas de traitement herbicide, fongicide ou insecticide, fauchage plutôt que tonte, etc.

Pour améliorer la gestion de l’eau, un réseau séparatif eaux usées-eaux pluviales a été créé. A terme, les eaux pluviales seront déversées dans le Parc du Vallon avec l’aménagement de bassins de rétention (un peu sur le modèle des jardins de l’éco-quartier Ile Seguin-Rives de Seine).

La gestion des déchets est également pensée en lien avec les enjeux environnementaux, par l’intermédiaire de silos enterrés avec tri sélectif, d’une capacité telle qu’elle permet de réduire la fréquence du ramassage.
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