Eco-quartiers.fr - Le blog - Avril 2011 - Ville durable à l’horizon (2/4)

Article écrit en collaboration avec Rémi LE FUR Après un 1er article introductif sur la question de la ville durable. Voici le 2ème article qui propose 2 premières thématiques de réflexion sur les modalités d'une ville durable. 1. Une ville sobre et fonctionnelle Mise sous cloche, la...

Ville durable à l’horizon (2/4)

"Prospective villes intermédiaires durables" DREAL Limousin
Article écrit en collaboration avec Rémi LE FUR

Après un 1er article introductif sur la question de la ville durable.
Voici le 2ème article qui propose 2 premières thématiques de réflexion sur les modalités d'une ville durable.


1. Une ville sobre et fonctionnelle


Mise sous cloche, la durée de vie d’une grande ville ainsi isolée du reste du monde n’excéderait pas... 24 heures ! Une ville ne doit sa survie qu’aux flux entrants et sortants qui l’irriguent. Or, nous constatons avec plus de prégnance chaque jour que les ressources sont loin d’être infinies - pénurie en eau, crise alimentaire, pression foncière, précarité énergétique... - et que leur utilisation, bien que nécessaire, génère aujourd’hui pollutions, nuisances, risques…

D’autre part, l’urbanisation des espaces naturels et la multiplication des infrastructures de transport nuisent à la fonctionnalité des écosystèmes. En France, l’étalement et l’émiettement urbains artificialisent l’équivalent d’un département tous les 7 ans. Or, La disparition d’espaces naturels et agricoles accélère de façon exponentielle l’érosion de la biodiversité : destruction directe mais aussi par fragmentation des habitats.

La lutte contre le changement climatique impose de limiter nos rejets de gaz à effet de serre (GES). La Ville durable doit donc réduire ses consommations énergétiques – principales sources d’émissions de GES - et développer par ailleurs des énergies renouvelables. Les objectifs européens des 3 x 20 % (1) à l’horizon 2020 imposent aux villes – en cohérence avec les territoires environnants – d’engager sans tarder la mise en œuvre de stratégies énergie-climat ambitieuses dans ce sens… l’atteinte de ces objectifs étant loin d’aller de soit et imposant d’agir de front sur toutes les composantes du territoires : aménagement, mobilités, habitat, productions énergétiques, activités économiques, circuits alimentaires, etc. Dans un contexte d’augmentation du prix des énergies, cet enjeu est également social, avec des risques grandissant de précarité énergétique pour les populations exposées.

De plus, les villes devront quoi qu’il arrive répondre à l’enjeu de leur vulnérabilité face à un réchauffement climatique devenu inéluctable : canicules, inondations, gestion de la ressource en eau, etc.

La ville durable sera donc une ville qui tendra vers un allégement de son empreinte écologique (2), qui protégera ses milieux écologiques et leur fonctionnalité, et qui plus largement diminuera ses pressions sur les ressources.

La ville durable sera ainsi une ville qui consomme et émet peu, adaptable et "recyclable", compacte et fonctionnelle dont l’impact sur son environnement sera réduit au maximum : lors de sa création ou de son extension, de son fonctionnement, de sa déconstruction ou de sa requalification. La ville durable tendra vers le " 0 carbone" et vers une "autonomie énergétique renouvelable".

2. Une ville du bien vivre ensemble et des solidarités

L’épanouissement des être humains ne peut se faire sans la satisfaction des besoins essentiels : l’accès à un logement, à l’eau et à la nourriture, à la santé, la garantie de la sécurité... besoins qui ne sont aujourd’hui pas satisfaits pour tous.

L’atteinte de cet objectif ne pourra se faire qu’en transversalité avec les autres axes. Par exemple, la problématique de la santé ne se limite pas au seul accès aux soins, mais nécessite de travailler aussi en amont sur les déterminants de la santé qui sont fortement corrélés à l’environnement : qualité de l’air, pollution, bruit, risques…

Au-delà de ces besoins essentiels, l’épanouissement sera permis par la qualité du cadre de vie, l’accès à la formation, à la culture et aux loisirs, aux services… La ville durable ne saurait pour autant se résumer à la création d’équipements ou de logements – aussi performants soient-ils – mais repose sur les habitants qui la font vivre, sur leur capacité à vivre ensemble, à partager des projets, des loisirs, de la convivialité...

Le bien vivre ensemble demande à la ville une réelle mixité sociale pour accueillir la population dans sa diversité, les générations actuelles (jeunes, moins jeunes, aînés) et futures, dans tous ses quartiers, avec une égalité de traitement dans l’accès aux services, équipements, commerces, espaces verts... La ville durable devra veiller au renforcement des liens sociaux et aux solidarités intergénérationnelles.

D’autre part, comme évoqué précédemment, la ville ne fonctionne pas en vase clos, mais en interrelation avec les territoires environnants voire plus lointain. Le changement climatique, très largement lié aux activités des villes des pays développés, est un enjeu planétaire qui impactera d’abord très fortement les pays les plus vulnérables. Les villes se doivent de contribuer localement à l’effort de réduction des rejets de gaz à effet de serre, dans un souci de solidarité territoriale afin de "penser globalement et d’agir localement".

Les solidarités sont aussi à prendre en compte plus localement avec les territoires environnants : une ville à forte cohésion sociale, à faible empreinte écologique et au dynamisme économique avéré... ne saurait être durable si elle reportait sur les territoires environnants ses pollutions, ses plus pauvres, ses exclus du marchés du travail, ses malades...

Au final l’enjeu est triple, la ville durable devant répondre aux besoins essentiels (en luttant contre toute forme d’exclusion : habitat, pauvreté, santé, handicaps, emplois...), tout en permettant un épanouissement de tous les individus qui y habitent, en solidarité avec les autres territoires et les générations futures.


(1) Réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre, réduction de 20% de la consommation énergétique globale et augmentation de 20% de la production d’énergie renouvelable.
(2) L'empreinte écologique est un indicateur synthétique qui évalue la surface terrestre biologiquement productive nécessaire à une population ou à un individu pour répondre ses besoins et absorber de ses rejets.
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