Eco-quartiers.fr - Etudes de cas - Lyon Confluence

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Lyon - Rhône (69) : Lyon Confluence

Projet en cours de réalisation
2003-2015 : ZAC première phase de 40 hectares ZAC deuxième phase : création en septembre 2010

Lyon Confluence
Site : Lyon Confluence – Prolongement de l’hyper-centre, sud de la presqu’île de Lyon, à la confluence entre le Rhône et la Saône
Superficie : 150ha
Programme : Phase 1 : 400 000m² SHON, dont 130 000m² SHON de logements (1500), 130 000m² de tertiaire & activités, 120 000m² de commerces & loisirs, 20 000m² pour le musée des Confluences
Phase 2 : 420 000m² SHON, dont 180 000m² de bureaux
Procédure : Convention publique d’aménagement pour la SPLA Lyon Confluence Zones d’Aménagements Concertées, ZAC première phase (côté Saône) et ZAC deuxième phase (côté Rhône)
Calendrier : 2003-2015 : ZAC première phase de 40 hectares ZAC deuxième phase : création en septembre 2010
Lyon Confluence
Maîtrise d'ouvrage : Grand Lyon – Société Publique Locale d’Aménagement Lyon Confluence
AMO DD/HQE : TRIBU/CERMA/GRAIN/CETE
Equipe de maître d'oeuvre : François Grether, urbaniste et Michel Desvigne, paysagiste (Première phase) // équipe Herzog & de Meuron, et Michel Desvigne (Deuxième phase)
Promoteur / Constructeur :

Les enjeux

Trait d’union urbain: un projet d’extension métropolitaine
Le Grand Lyon souhaite développer l’espace de rayonnement du centre-ville sur la presqu’île : Lyon Confluence représente ainsi une vaste opération urbaine d’extension métropolitaine. Ainsi, les 150 hectares du site doivent servir à la création d’un nouveau « morceau de ville » multifonctionnel, dédié tant à de nouvelles activités socioéconomiques qu’à des logements ou à l’implantation de nouveaux espaces publics. L’installation de l’Hôtel de Région sur Lyon Confluence marque symboliquement la nouvelle fonction urbaine de cet espace.

Pour transformer le site, de nouvelles activités et de nouveaux usages sont au cœur du projet, rappelant la volonté de plus en plus affirmée des territoires de se constituer en pôle d’attraction des « industries créatrices », comme ce fut notamment le cas pour l’Ile de Nantes. Ainsi, une offre diversifiée en loisirs urbains fait partie intégrante du projet (pôle de loisirs et de commerces, futur Musée des Confluences), tout comme l’installation d’entreprises des médias et de la communication (siège de Le Progrès près du Port Rambaud), et l’accueil de grands événements culturels (Biennales d’Art Contemporain, Nuits Sonores, etc.). 

Enfin, Lyon Confluence est l’occasion pour la collectivité de mettre en œuvre un aménagement durable à l’échelle du projet global, en privilégiant la qualité environnementale et une large concertation avec les parties prenantes. Une attention particulière est portée sur la maîtrise énergétique, Le Grand Lyon souhaitant devenir l’une des références en la matière (le projet est d’ailleurs bénéficiaire d’une subvention européenne du programme Concerto, qui soutient les investissements en faveur de la maitrise de l’énergie).

Pour finir, d’un point de vue général, le projet est aussi l’occasion de « renouer » avec le fleuve, en développant le lien de la ville avec l’eau. La ressource est en effet l’un des axes structurants du projet en ce qui concerne la qualité de vie.











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Le projet

Faire de la presqu'île un véritable coeur de ville
La Confluence a une longue histoire. Au 19ème siècle, avec l’essor industriel, la presqu’île de Lyon héberge des entrepôts à charbon, des manufactures de tabac et des industries chimiques avant d’entrer en crise au 20ème siècle, lorsque l’activité portuaire commence à décliner. Le site est alors enclavé, coupé du reste de la ville par le Rhône et la Saône, la présence d’une autoroute et de voies ferrées.

A l’aube du 21ème siècle, alors que les terrains se sont progressivement transformés en friches industrielles, et que les activités encore présentes ont été délocalisées (port de commerce, marché de gros, prisons), un projet d’aménagement du Confluent est inscrit politiquement dans le « plan de mandat » de Raymond Barre, alors maire de Lyon. La délocalisation ou la cessation d’activités permettent à la ville de disposer de disponibilités foncières très importantes.

Cette opération de requalification urbaine en deux phases permet ainsi de désenclaver un territoire déshérité en opérant une mutation, une métamorphose de la presqu’île en nouveau cœur de ville.
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Offrir une qualité de vie renouvelée

Lyon Confluence s’inscrivant dans une volonté de prolonger le centre-ville, la mixité fonctionnelle marque fortement l’espace. Ainsi, sur la ZAC première phase, qui comprend une programmation de 400 000m² SHON, les différentes fonctions urbaines sont présentes quasiment dans les mêmes proportions : 130 000m² SHON de logements, 130 000m² de tertiaire & activités, 120 000m² de commerces & loisirs. Cette diversité équilibrée permet de mettre en œuvre une véritable « centralité durable », projet qui a guidé l’aménagement du quartier. Celui-ci présente donc un caractère mixte, écologique, agréable à vivre, qui lui a valu le prix « formes urbaines et densité » du palmarès des Ecoquartiers 2009.

Par ailleurs, l’espace public occupe une place primordiale : sur la première phase, 72 % des 41 hectares étaient aménagés en espaces publics, avec les espaces verts représentant plus de 60 %. Les équipements publics représentent également une part importante du programme, avec notamment l’installation du futur Musée des Confluences, de l’Hôtel de Région Rhône-Alpes, et des Archives municipales.

Toutes les activités urbaines ont ainsi été intégrées sur 150 hectares, pour développer un morceau de ville où l’on peut habiter, travailler, se divertir, s’informer, etc.  Alors que la plupart des cloisonnements urbains entre les usages invitent les citoyens à multiplier les déplacements, Lyon Confluence se démarque par la mise en place d’un quartier « marchable », c’est-à-dire praticable tant par les voitures motorisés (dont on réduit néanmoins la présence) que par les piétons ou les cyclistes. L’application de critères de qualité environnementale aux bâtiments, formalisée à travers un cahier des charges, et la mise en place d’une véritable économie de proximité, favorisant les circuits-courts, participent également de cette centralité durable.

En outre, les risques liés à la pollution ont été gérés en amont, du fait de l’identité historique industrielle de Lyon Confluence. La Société Publique d’Aménagement Locale a pris en charge la réhabilitation des sols, en menant une étude globale, et a mis en place un « seuil de contamination acceptable, sur la base de ce qu'un individu vivant sur place pendant soixante-dix ans peut tolérer » permettant une gestion sanitaire optimale centrée sur l’individu.
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Recréer du lien et du sens

En ce qui concerne l’enjeu de la mixité, l’exemple de la ZAC deuxième phase est édifiant : sur 2500 logements qui doivent être livrés, on trouvera 25 à 30% de logements sociaux et 20 à 25% de logements intermédiaires, permettant ainsi de développer un quartier largement ouvert à tous.  

Les mobilités douces seront privilégiées, avec l’aménagement de pistes cyclables le long des berges, et la mise à disposition de stations Vélo’v, qui s’intègrent dans la volonté de pratiquer un quartier « marchable ».

En ce qui concerne la participation, les citoyens ont pu s’exprimer tout au long du processus, via un parcours-exposition intitulé « Ma ville demain » et surtout, un site Internet dédié, riche en contenus, www.laconfluenceonendiscute.fr, deux mécanismes participatifs qui ont permis de recueillir plus de 4 300 contributions de la part des usagers. En outre, la « Maison des Confluences », présentant expositions, maquettes et films ouvre de manière très régulière pour sensibiliser et communiquer au plus grand nombre sur les enjeux du site.
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Imaginer un nouveau rapport avec la nature

Les résultats affichés en ce qui concerne les premiers lots commercialisés (ABC) laissent entrevoir un programme très ambitieux sur le plan énergétique. Bénéficiaire d’une subvention du programme européen Concerto, Lyon Confluence affiche en effet un programme de maîtrise énergétique innovant.

L’effort porte tant sur les bâtiments neufs qu’anciens, dans l’optique d’aller au-delà de la règlementation thermique en vigueur. Les nouveaux bâtiments sont ainsi très peu demandeurs en énergie, grâce à la conception bioclimatique, à l’isolation (par l’extérieur) et à la ventilation (mécanique à double flux). Par exemple, en ce qui concerne les logements, la consommation de chauffage est fixée à 60 kWh/m2/an, là où la moyenne nationale est de 110 kWh/m2/an, soit une diminution d’environ 50%. De manière générale, le Grand Lyon impose une consommation maximale pour les bâtiments neufs de 90 kWh/m2/an, là où la moyenne nationale est de 120 kWh/m2/an. Les efforts énergétiques mentionnés portent sur le logement neuf, mais sont également déclinés sur le logement ancien (avec la démarche d’éco-rénovation lancée sur le quartier de Sainte-Blandine) et pour les bureaux (par exemple, la consommation de chauffage, moins de 40 kWh/m2/an).

Les énergies renouvelables sont utilisées de manière significative, notamment l’énergie solaire (avec des chauffe-eau, des capteurs, des panneaux photovoltaïques) et la biomasse (une chaufferie bois co-génératrice par îlot). 80% de la consommation de chauffage et d’eau chaude sanitaire des parties privatives provient ainsi de l’utilisation des énergies renouvelables dans les logements.

Enfin, pour développer son engagement pour la sobriété, un partenariat tripartite a été signé entre le Grand Lyon, la Société Publique Locale d’Aménagement Lyon Confluence, et WWF, le premier de cette nature en France. Il vise à élaborer et à mettre en œuvre, sur cinq ans, un Plan d’Action Durabilité (PAD) pilote. Ce PAD est structuré autour de 10 objectifs, parmi lesquels Zéro Carbone (efficacité énergétique), Zéro Déchets (réduire à 30% la part des déchets non recyclés), et le développement des habitats naturels et de la biodiversité, permettant de concilier tant la réduction de l’empreinte écologique que la qualité de vie.

En ce qui concerne la biodiversité, les continuités écologiques ainsi que les trames verte et bleue sont intégrées à l’aménagement, participant de fait au retour de la nature en ville. La présence du fleuve, structurante, renforce le lien de la ville à l’eau (place nautique, par exemple). Un parc ramifié de 14 hectares (parc de Saône) confère une place primordiale au végétal dans la géographie du site.

La gestion durable des ressources naturelles est permise par la mise en place d’un réseau séparatif pour l’assainissement, et la collecte en milieu naturel des rejets d’eaux pluviales, avec des dispositifs à ciel ouvert tels que des noues, des fossés, des caniveaux.

Lyon Confluence n’est donc pas une vitrine de l’aménagement durable, mais bien un réel projet de territoire ambitieux, marqué par l’engagement et l’anticipation de la collectivité. Exemplaire du point de vue environnemental, il reste à voir, à terme, les effets socio-économiques liés au quartier sur l’ensemble de la métropole.

>> Cette étude de cas a été rédigée par Sébastien Lévrier (INDDIGO). Les photos d'illustration ont été prises en avril 2011 par Pierre-Nicolas CROUAN-PELLE (INDDIGO) et Paul-Antoine Lecuyer (INDDIGO)
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