Eco-quartiers.fr - Le blog - Juin 2013 - « Quartiers verts… Un monde durable» : rencontre avec Nicolas Broutin et Antonin Laroche de GreenGo

La rédaction d’eco-quartiers.fr est partie à la rencontre de l’association GreenGo, composée de deux aventuriers de l’urbanisme durable, partis faire un tour du monde engagé qu’ils ont intitulé « Quartiers verts… Un monde durable », entre avril 2011 et avril 2012. Tous les deux...

« Quartiers verts… Un monde durable» : rencontre avec Nicolas Broutin et Antonin Laroche de GreenGo

Logo de l'association GreenGo
La rédaction d’eco-quartiers.fr est allé à la rencontre de l’association GreenGo, composée de deux aventuriers de l’urbanisme durable, partis faire un tour du monde engagé qu’ils ont intitulé « Quartiers verts… Un monde durable », entre avril 2011 et avril 2012. Tous les deux ingénieurs en éco-construction de formation, Antonin Laroche et Nicolas Broutin sont des amis de longue date, poussés par le gout du voyage, allié à un véritable engagement durable. Un an après leur retour, ils nous racontent leur projet.

  • Comment le projet de GreenGo a germé dans votre esprit et comment l’avez-vous mis en place ?
Antonin : Au départ, ça vient d’une envie de voyager. Nicolas est un voyageur dans l’âme, moi je n’avais jamais expérimenté de voyage au long cours. Mais on a essayé de trouver une thématique de voyage qui nous guide.
Nicolas : C’est Antonin qui voulait partir, et j’ai été séduit par son idée de voyage. On s’est dit que ce n’était pas cohérant de partir seulement pour voyager,  et qu’on aimerait vraiment lui donner un sens. A partir de là, nous avons cherché une idée qui serait cohérente, par rapport à notre métier, notamment. Quitte à monter un projet sur une thématique ou une autre, choisissons celle qui nous concerne directement…
A : … et sur laquelle nous avons des compétences, qui nous plait, qui nous intéresse. Pendant nos deux années de préparation du voyage, nous avons voulu sortir de cette vision un peu étriquée européenne de la construction durable qui est très réglementée, pour chercher des sources d’inspirations autres ailleurs. C’est ce qui nous a le plus motivé. D’ailleurs, on a été assez étonné de ce qu’on a pu voir comme différents projets.
N : Des choses que nous n’avions pas du tout imaginées, qui existaient et qui étaient très pertinentes, des façons de faire très différentes de ce qu’on peut faire chez nous et qui nous ont énormément enrichi.

  • Pendant ces deux années, comment avez-vous préparé votre voyage?
N : Dans un premier temps, on ne s’est pas orienté sur le projet mais sur le sens qu’on allait lui donner. Une fois notre sujet choisi, nous avons vraiment essayé de creuser les choses. La première année, c’était surtout de la conceptualisation : quel modèle allions-nous donner ? Qu’allait-on  produire comme données ? Et la dernière année, nous avons fait  beaucoup de recherches de projets étrangers, de contact, et des recherches de financements.
A : Il a été difficile de prendre des contacts trop en amont, même en essayant de faire une veille assez régulière. Ça marche dans certains pays, mais, dans d’autres, pas du tout. En Amérique latine, par exemple, nous programmions un peu les rencontres au fil de l’eau, quand les gens avaient la disponibilité.
N : Pour trouver des projets, soit on trouve des projets existants, soit on trouve des contacts pertinents dans le pays qui pourraient nous faire rebondir sur des gens spécialisés qui travaillent sur des projets atypiques. C’est cette deuxième méthode qui a le mieux fonctionné. En arrivant quelque part, nous avions un contact qui travaillait dans l’urbanisme ou l’environnement, et qui nous dirigeais vers un projet ou un acteur. Dans la plupart des pays, notamment en Amérique du Sud, les gens nous répondaient « on verra ça quand vous serez là », même trois jours avant notre arrivée. Ensuite, en Asie, on avait moins de contacts et la communication se faisait plus difficilement. Sur 5 pays asiatiques, nous n’avons vu que 3 projets, sur lesquels il sera difficile de communiquer ; soit parce qu’ils ne sont pas aboutis, soit parce qu’ils étaient trop simplistes et absolument pas transposables.
A : C’est vraiment ce que nous recherchions toujours dans les projets : un modèle qui soit avant tout transposable et inspirant.

  • Comment avez vous choisi votre itinéraire ?  
A : Il a d’abord été guidé par notre envie de voyage, là où nous voulions partir. Puis, nous voulions étudier un projet par pays sélectionné, on en a donc identifié plusieurs par destinations, pour pouvoir avoir le choix au dernier moment. En effet, en arrivant dans le pays, certains projets identifiés n’avaient pas aboutis.
N : Soit sur place, nous n’avions pas accès aux personnes, soit nous rencontrions d’autres projets, sur lesquels nous avions beaucoup de matières à extraire. Notre envie de voyage nous a guidés, mais on a surtout essayé de voir ce qui était pertinent. Cela ne nous paraissait pas judicieux de partir en Amérique du Nord par exemple, car il y a déjà beaucoup de documentation sur internet, beaucoup d’échanges avec l’Europe sur le sujet.
A : Nous avions envie d’aller voir les pays émergents, dont on entend parler de plus en plus, où certains architectes commencent à être reconnus. Une fois l’itinéraire et les pays fixés, nous avons prévu de rester au moins un mois par pays. L’itinéraire à été ajusté en fonction des contraintes projets ; nous nous sommes adaptés, en restant parfois plus longtemps quelque part pour avoir un rendez-vous, par exemple. Nous avons toujours privilégié le projet sur le voyage.

  • Comment avez-vous été financés ?
A : Quand on prépare un projet de voyage thématique, il y a une mise en concurrence des projets, et un timing à respecter au niveau des bourses, avec des concours et des attributions qui ne tombent pas forcément au moment qui nous arrange : soit trop tôt, quand le projet n’est pas encore finalisé, soit trop tard, après que nous soyons partis. Au niveau des partenariats financiers, nous n’avons eu que des financements d’entreprises privées ou des particuliers. La Mairie de Paris nous a attribué une subvention de 500€. On avait prévu de voyager pour 10 000€ chacun pour l’année entière (plus 3 000€ pour les billets d’avion). On a un peu dépassé le budget, et utilisé 30 000€ en tout, hors équipements qui nous avaient été payés par les partenaires.  
N : On a eu beaucoup de fonds propres, d’amis qui nous ont aidés à financer notre projet.

  • Quelle restitution avez-vous pu faire de ce que vous avez vu ?
N : Nous avons fait un modèle type de fiche pour présenter les projets. Au départ, nous avions prévu de faire une fiche très exhaustive, avec le contexte économique du pays, la question spécifique abordée, comment elle était traitée dans le pays, etc…. Mais c’était très ambitieux, nous allons simplifier un peu notre approche.
A : A l’heure actuelle, nous n’avons pas fini de produire, même un an après, nous ne sommes pas en mesure de communiquer sur l’ensemble de notre voyage. La digestion de l’information prend du temps, et communiquer pendant le voyage est beaucoup trop ambitieux, parce qu’il est difficile de traiter l’information sérieusement. Donc nous avons maintenu un blog, et rédigé quelques articles thématiques. Depuis notre retour, nous produisons très lentement. Nous venons de publier le bilan carbone du projet, un point auquel nous étions très attaché, car nous voulions être le moins impactant possible.
N : Par la suite, nous aimerions communiquer particulièrement sur les thématiques du voyage responsable et sur la question de l’urbanisme durable, auprès des étudiants et enfants, en tout cas dans des structures pédagogiques, à partir de notre expérience.

  • Un projet, qui vous a marqué en particulier ?
A : Un projet qui m’a beaucoup plu, sans doute mon coté ingénieur, c’est le projet Barangaroo à Sidney en Australie. Un projet de réaménagement de la zone portuaire située de l'autre côté du « Harbour Bridge » en écoquartier, avec des ambitions de performances environnementales et énergétiques, de mixité sociale et fonctionnelle vraiment très fortes. Il n’est pas encore abouti, les travaux vont durer plus d'une dizaine d’années. Ce projet devrait toucher directement des milliers de personnes. C’est le plus gros projet d’écoquartier d’Australie, qui à l’époque était même le plus gros projet du monde, et qui affichait des performances énergétiques bien au delà de tout ce qu’on peut voir. Ce qui est intéressant dans ce projet, ce sont les nombreuses études qui ont été faites bien en amont de la conception, avec des équipes spécialisés et avec les l'implication des futurs usagers des bâtiments d’ores et déjà associés au projet. Ces gens là sont informés et sensibilisés sur les fonctionnalités des futurs bâtiments et sur l'écoquartier d’une manière générale, pour que, une fois arrivés, ils puissent avoir un comportement en accord avec les ambitions du quartier. Une sensibilisation aussi longtemps avant la finalisation du projet, c’est quelque chose que je n’ai jamais vu chez nous
N : Moi, le projet qui m’a le plus séduit, c’est un projet de recherche sur la biodiversité et sa place dans l’urbanisme en Nouvelle-Zélande. Nous avons pu étudier ce projet de recherche dans deux villes différentes, c’est la mairie qui cofinance cette recherche. Ce que je reproche aux projets d’aménagements français, c’est que l’introduction (ou la réintroduction) de la biodiversité est assez limitée. Elle se fait par la végétalisation des toits, la mise en place nichoirs, mais elle est faite à l’image de ce que l’on pense être la biodiversité, sans études de performances par exemple. Ce projet de recherche australien consistait à observer les interactions de la biodiversité d’origine avec l’urbanisme et son évolution : quel impact peuvent avoir les modalités urbaines sur les espèces et inversement. De là, on en déduit le type d’urbanisme qu’il serait préférable d’intégrer, avec des formes d’aménagement beaucoup plus légère dans les zones sensibles. L’intérêt de ce projet est qu’il est mené par des chercheurs et qu’il n’y a pas d’intérêt autre que scientifique. On a désormais un autre regard sur la biodiversité, qui est une véritable science du comportement des animaux et des végétaux, que nous n’envisagions pas du tout de cette façon avant notre voyage.

Merci Antonin et Nicolas, et à bientôt sur www.eco-quartiers.fr !

Découvrez un reportage réalisé par GreenGo au cours de leur voyage à La Reina au Chili.
  • Nicolas Broutin et Antonin Laroche en Amérique du SudNicolas Broutin et Antonin Laroche en Amérique du Sud
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