Eco-quartiers.fr - Etudes de cas - La Courrouze

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Rennes - Ille-et-Vilaine (35) : La Courrouze

Projet en cours de réalisation
La ZAC est créée en 2003. Aménagement sur 4 tranches sur 15 ans. 2009-2010 : les premiers logements sont livrés (secteur « Bois habité ») Calendrier opérationnel jusqu’à 2020.

La Courrouze
Site : La Courrouze, située sur d’anciens sites industriels et friches militaires, à l’intérieur de la rocade au Sud-Ouest de Rennes.
Superficie : Environ 115ha dont 40ha d’espaces verts
Programme : 400 000m² de logements (soit 4700), 110 000m² de bureaux, 11 000m² d’équipements, 16 000m² de commerces et services, 13 000m² pour un éventuel grand équipement
Procédure : Zone d’Aménagement Concerté (ZAC)
Calendrier : La ZAC est créée en 2003. Aménagement sur 4 tranches sur 15 ans. 2009-2010 : les premiers logements sont livrés (secteur « Bois habité ») Calendrier opérationnel jusqu’à 2020.
La Courrouze
Maîtrise d'ouvrage : Rennes Métropole, SEM Territoires
AMO DD/HQE : ND
Equipe de maître d'oeuvre : L’équipe Secchi-Vigano (architectes-urbanistes mandataires) avec Dard (paysagiste) et Gec Ingénierie.
Promoteur / Constructeur : différents promoteurs selon les secteurs

Les enjeux

« Vivre dans la ville, habiter dans un parc » : La Courrouze, laboratoire de l’aménagement durable rennais
La Courrouze permet de mettre en œuvre les orientations définies dans le Plan Local d’Habitat de Rennes Métropole. En effet, avec un solde naturel et migratoire annuel positif, l’habitat est devenu une priorité politique forte de la Communauté d’Agglomération, traduite par l’ambition de produire environ 4500 logements par an. La Courrouze, avec son programme de 4700 logements mixtes, apporte une réponse opérationnelle à ces objectifs.

Douze thématiques ont été identifiées comme étant prioritaires sur le site, qu’on peut aisément recouper en trois grands objectifs :
  • réaliser une « couture urbaine » en reconnectant la Courrouze au tissu urbain (opération de renouvellement urbain, traitement des espaces, desserte en transports en privilégiant les modes doux),
  • réaliser une opération prenant en compte toutes les dimensions de la mixité (sociale et intergénérationnelle, fonctionnelle, des formes urbaines),
  • réaliser une opération pilote en matière d’aménagement durable (respect de l’environnement, consommation économe du foncier, gestion alternative des eaux de pluie, gestion des déchets, des nuisances sonores, de l’énergie).
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Le projet

Redéfinir l'identité de la Courrouze
C’est à la libération d’anciens camps d’entraînement militaires que l’on doit l’initiation d’un projet d’aménagement dans le secteur de la Courrouze, espace urbain marqué par les friches industrielles et  jusqu’alors peu valorisé par rapport à son potentiel (proche du parc de la Prévalaye, situation en entrée de ville, proximité gare et rocade, etc.)

Les villes de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande ont commencé par déléguer à la Communauté d’Agglomération Rennes Métropole l’aménagement du site, conférant ainsi au projet une dimension communautaire dépassant l’échelle municipale et lui donnant une envergure métropolitaine.

Une première étape a consisté à définir le projet d’aménagement et à choisir l’équipe de réalisation. Trois équipes ont donc été sélectionnées et ont travaillé à trois programmes différents. Les réflexions portaient notamment sur la morphologie urbaine ainsi que sur le traitement des espaces publics, thématiques phares du projet.  Après la sélection de l’équipe menée par les architectes Secchi et Vigano, une deuxième étape a consisté en la création de la ZAC en 2003, considérée comme le laboratoire du développement urbain durable et devant devenir une référence en la matière. 

Le slogan « vivre dans la ville, habiter dans un parc » destiné à donner une identité à la ZAC de la Courrouze rend bien compte de la mobilisation des acteurs autour d’un paradigme commun: donner à l’agglomération rennaise une dimension plus verte.
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Offrir une qualité de vie renouvelée

La qualité du cadre de vie est l’axe moteur du projet urbain de La Courrouze. L’objectif est d’offrir des logements de qualité, certifiés « Habitat & Environnement », et s’organisant autour de la coulée verte, qui relie le centre-ville au parc de la Prévalaye, donnant ainsi corps au slogan « vivre dans la ville, habiter dans un parc ».

Ce renouveau n’empêche pas de composer avec l’existant, en profitant du patrimoine disponible: ainsi, le mur militaire, qui rappelle symboliquement la mémoire des lieux, a été maintenu, et les bois déjà implantés valorisés dans la trame verte. Ce nouveau morceau de ville peut emprunter certains de ses traits à la campagne bretonne, et c’est toute la philosophie qui sous-tend le travail des paysagistes. Les NTIC ne sont pour autant pas exclues : le nouveau quartier sera entièrement couvert par la fibre optique, offrant ainsi une connectivité optimale aux habitants et aux entreprises.

Le fait de penser la densité (110 logements par hectare en moyenne), nécessaire pour une agglomération comme Rennes n’empêche pas la mixité des formes urbaines, pensée en lien avec la consommation économe du foncier. Ainsi, cette densité peut être fluctuante, avec des habitats intermédiaires (60 logements/hectare) et des pôles plus centraux (240 logements/hectare). Cela permet d’établir une typologie différenciée, de l’individuel au collectif, sans isolement de l’un ou de l’autre.

D’autre part, la place des espaces publics est essentielle et généreuse, avec des équipements de quartier importants (11 000 m², avec une crèche, une école, un équipement pour personnes âgées, etc.), et un équipement structurant à l’échelle métropolitaine programmé. La mixité des formes urbaines et des fonctions appellent donc une diversité d’usages pour ce nouveau quartier.

Enfin, autre point positif, la santé, domaine parfois oublié dans la conception des quartiers durables. Le projet vise ainsi à assurer la gestion des nuisances sonores via un mur antibruit (proximité de la rocade), des bâtiments tertiaires faisant écran le long de la rocade et une meilleure isolation phonique.
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Recréer du lien et du sens

La mixité des formes urbaines amène à considérer également l’enjeu de la mixité sociale. Il s’agit d’un objectif fixé dans le PLH, rempli par la Courrouze, à savoir, la création, dans le projet urbain, de 50% de logements libres, et de 50% de logements aidés (25% de locatif social, 13% de locatif intermédiaire, et 12% d’accession aidée).

D’autre part, malgré la présence de la rocade, l’offre de transports encourage les modes doux. Un transport en commun en site propre (bus) desservira le quartier. Pour favoriser l’intermodalité, une nouvelle ligne de métro sera mise en place en 2018, reliant les Champs Blancs du Nord-Est à Mermoz au Sud-Est de Rennes.

Quant à la participation des parties prenantes, et notamment des habitants, elle a été pensée en amont avec la multiplication des visites de terrain, et la constitution d’un groupe de concertation, tandis qu’un site Internet interactif a été lancé (visite de la maquette en 3D, vidéos, etc.). Il est à noter qu’une visite de chantier en réalité augmentée a été lancée en mars dernier, permettant de visualiser virtuellement l’architecture du site à l’orée 2020.
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Imaginer un nouveau rapport avec la nature

La préservation de l’environnement est l’une des pierres angulaires de l’écoquartier rennais. La ZAC fait ainsi le lien, via la trame verte et le principe de continuité écologique, entre le parc de loisirs de la Prévalaye et le centre-ville de Rennes. Le patrimoine boisé des anciennes friches industrielles et militaires a par ailleurs été conservé et valorisé.

La gestion durable de l’énergie est également au programme, avec l’ambition de réduire les consommations de 35% et de fournir l’eau chaude sanitaire à 40% par le solaire. Les déchets sont gérés de manière collective, par apport volontaire des ordures ménagères, avec des bacs de tri intégrés dans l’espace public sous forme de colonnes enterrées. Enfin, l’eau de pluie est récupérée par des systèmes de noues pour alimenter les jardins, et des toitures-terrasses végétalisées, qui ralentissent l’écoulement des eaux, ainsi que des bassins de rétention à sec enherbés seront utilisés pour stocker et préserver la ressource.

La Zac de la Courrouze a ainsi pour ambition de devenir le laboratoire de l’aménagement urbain durable de Rennes Métropole, et l’une des références Eco-quartier des années à venir.

Il reste à espérer que cette expérimentation ne restera pas exceptionnelle, et pourra profiter à d’autres projets urbains, ouvrant ainsi la voie à la constitution d’une véritable ville post-carbone, où le développement durable est pensé dans la globalité, à l’échelle urbaine et non pas seulement celle du quartier.

Etude de cas rédigée par Sébastien Lévrier (INDDIGO). Photos par Paul-Antoine LECUYER (INDDIGO)
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