Eco-quartiers.fr - Etudes de cas - « Les Courtils »

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Hédé - Bazouges - Ille-et-Vilaine (35) : « Les Courtils »

Projet réalisé
Juillet 2002 : projet d’aménagement par les architectes avec les élus. Octobre 2002 : adoption du plan masse du futur lotissement. Automne 2004 : travaux d’aménagement. 2005 : constructions habitations particulières. 2008 : dernières livraisons

« Les Courtils »
Site : Bourg de Bazouges sous Hédé
Superficie : 3 hectares
Programme : 22 lots libres de 400 m2 à 800m2. 10 logements locatifs sociaux
Procédure : Lotissement
Calendrier : Juillet 2002 : projet d’aménagement par les architectes avec les élus. Octobre 2002 : adoption du plan masse du futur lotissement. Automne 2004 : travaux d’aménagement. 2005 : constructions habitations particulières. 2008 : dernières livraisons
« Les Courtils »
Maîtrise d'ouvrage : Commune de Hédé – Bazouges
AMO DD/HQE : Betali Geodica, géomètre expert et bureau d’études VRD Guy Fayolle, ingénieur-paysagiste
Equipe de maître d'oeuvre : Atelier d’architecture Georges Le Garzic & Bernard Menguy, architectes
Promoteur / Constructeur : Commune de Hédé-Bazouges. parcelles locatives : OPAC 35

Les enjeux

Un développement rural, durable et dans la continuité
Développer sans dénaturer

Située à un peu plus de vingt kilomètres de Rennes, la commune de Bazouges sous Hédé  cherchait à développer le bourg. Mais l'ambition allait plus loin, il fallait développer, certes, mais sans reproduire ce schéma trop souvent répété des lotissements sans âmes. Il fallait également conserver un aspect rural, et reprendre les spécificités « régionales » dans l'élaboration du projet.
En 2002, après que le conseil municipal ait voté la création du lotissement. Deux objectifs supplémentaires sont fixés : privilégier une approche HQE et favoriser la mixité sociale. Par ailleurs, tout en cherchant à intégrer la trame urbaine du bourg, une architecture contemporaine est favorisée.
L'écoquartier des Courtils a été parmi les premiers lotissements écologiques de France.
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Le projet

Un écoquartier précurseur
Attirer de nouveaux habitants pour une nouvelle dynamique

Dans une approche environnementale novatrice pour l'époque, le projet date d'il y a plus de dix ans, la mairie insiste sur plusieurs points :

Le nouveau quartier doit être un lieu à vivre, partagé. Il doit être bien intégré à l'ancien bourg, tout en développant une architecture contemporaine.
Dans ce but, deux cahiers des charges ont été établis. Le premier précise les exigences de la municipalité pour les espaces publics en matière de mobilité, d'espaces verts et de gestion des eaux.

La voie de desserte est ainsi à sens unique pour limiter les flux de circulation, c'est une zone 30. Le végétal dans les espaces publics est prédominant, la gestion des eaux et des déchets vise à traiter ceux ci le plus localement possible : noues et composts sont préconisés.
Le second est à destination des futurs propriétaires. Il fixe les règles de construction en imposant des matériaux respectueux de l'environnement, qui reprennent les codes architecturaux locaux. Par ailleurs, chaque maison doit être équipée d'un récupérateur d'eau de pluie, chauffe-eau solaire et composteur.
Si aujourd'hui, ces règles paraissent presque « banales », encore une fois, elles étaient précurseurs des principes de plus en plus adoptés aujourd'hui.

Par ailleurs, dans un soucis de mixité sociale, et dans l'espoir d'attirer une nouvelle population, la municipalité décide de la création de 10 logements sociaux, ce qui représente tout de même 31% des logements créés.x lots à bâtir sont commercialisés.
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En savoir plus

Pari réussi

Sur le long terme, le pari d'attirer une nouvelle population est pleinement atteint, puisqu'un boulanger bio, un maraîcher bio et un apiculteur bio sont venus s'installer dans le bourg de Bazouges, alors qu'avant la création du lotissement, seul restait un café.
Dans le bourg, attirée par la dynamique locale, une jeune famille a racheté le presbytère pour en faire un bar associatif. Enfin, depuis 2008, un marché bio est installé dans la salle municipale.
La réussite est d'ailleurs telle qu'en 2015, treize nouveaux lots sont commercialisés.
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Offrir une qualité de vie renouvelée

De l'écologie oui, mais pas de la monotonie.

Dans l'optique de créer non seulement des logements, mais une véritable dynamique au sein du bourg, les lots sont groupés par ensemble de quatre autours d'une cour. Elle est à la fois lieu de vie et de rencontre. Sur ces cours donnent les garages groupés. Imposés par la mairie, ils sont l'occasion d'échanges entre voisins.

La forme des parcelles est allongée, afin d'en diminuer l'impact sur la voirie et réduire les temps de parcours. Cela favorise la pratique des mobilités douces, par ailleurs encouragée par l'existence de courettes, auxquelles on accède par des brèches dans le talus qui a été reconstitué.

Les parcelles orientées Nord- Sud au niveau des voies principales permettent également à chaque propriétaire de décider de l'implantation des maisons individuelles, avec des espaces végétalisés à l'avant et à l'arrière du bâtiment.

La longueur des terrains permet également d'éviter les effets d'alignement, en rapprochant ou repoussant le bâti par rapport à la rue. Les permis de construire sont accordés selon des critères strictes, qui incluent entre autres l'obligation d'un rez-de-chaussée naturel (pas de sur-élevage artificiel). Le positionnement du bâtiment sur la parcelle, son intégration au site et les choix formels et esthétiques doivent également être justifiés.

Privilégier les matériaux écologiques, et respecter l'architecture locale

Imposés par la commune, tous les garages doivent être en bois. Cela permet d'ailleurs une meilleure cohérence architecturale avec le bourg, où la majeure partie des garages sont en bois.
Poursuivant sa logique jusqu'au bout, celle ci impose que des matériaux économes en énergie soient utilisés sur les chantiers. Ils doivent être recyclables, avoir consommé peu d'énergie pour leur production, transformation et transport.

Sans être imposés, les menuiseries en bois sont fortement recommandées. Pour les murs en élévation autres que les fondations, les parois en aggloméré ou en béton de ciment sont déconseillées. Le cahier des charges architecturales conseille à la place la brique de terre cuite, les blocs de béton cellulaire, la terre crue et la pierre. Les enduits doivent être à base de chaux, les bardages en bois, les parements en pierre « du pays » ou en brique.

Côté énergie, les chauffe-eau solaires sont obligatoires pour chaque logement. Chaque lot reçoit également une citerne privative de récupération d'eaux pluviales de 5000 litres, et un composteur. Pour ce dernier, la municipalité espère valoriser environ 30 % des déchets rejetés. Côté chauffage, bien que non imposés, la totalité des propriétaires a opté pour un poêle à bois.
 
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Recréer du lien et du sens

Diversifier les populations accueillies et recréer une dynamique dans le bourg

En créant une offre variée de logements, le maître d'ouvrage cherche à diversifier sa population.
Dix logements sociaux gérés par OPAC 35, et construits selon les mêmes critères environnementaux que les lots libres, ont permis d'atteindre ce but. Quatre T3 sont regroupés dans une maisonnée avec un terrain commun. Ils disposent cependant chacun d'un jardinet privatif. Quatre pavillons de plein pied de type T3 et T4 et deux pavillons de type T2 avec jardins privatifs et garages groupés permettent d'accueillir divers locataires. Ces logements visent en effet les personnes âgées de la commune, mais aussi des personnes seules, des familles, de jeunes foyers et enfin des jeunes du C.A.T de la commune.
Avec les vingt deux lots libres, c'est en tout environ quatre-vingt personnes supplémentaires que la commune espère accueillir.

Par ailleurs, plusieurs démarches de sensibilisation aux pratiques du développement durable ont été engagées par la commune tout au long de l'élaboration du projet.
Un forum sur l'éco-habitat a été organisé en septembre 2003 et 2004, le suivi de projets de construction avant permis de construire a été assuré par les architectes en charge du projet. Des commandes groupées ont été mises en place pour et par les habitants.
Plusieurs associations ont été créées, notamment : les Amis du Petit Patrimoine, Bazouges Nature, Les Jardins de Bazouges. Concernant cette dernière association, les membres des Jardins ont aménagé des aires de jeux en saule vivant, un sentier découverte sur la faune et la flore et un verger  sur un terrain prêté par la commune.
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Imaginer un nouveau rapport avec la nature

En espace rural, priorité au végétal !

Outre les nombreuses incitations au respect de l'environnement, le projet des Courtils fait la part belle au végétal. Le lotissement doit effectivement faire le lien entre le bourg et la campagne environnante.
On retrouve cette idée dans le découpage de la voirie. L'espace de circulation réservé au véhicule fait trois mètres de large, semi-perméable, il est bordé de chaque côté d'une bande de circulation piétonne empierrée, d'un fossé drainant puis d'un talus planté de haie bocagère. Des chemins piétonniers sont également bordés de fossés et de haies.

Par ailleurs, les talus existants ont été intégrés au site, renforcés par ceux créés en bordure de voie publique, qui servent également de séparation entre espace public et espace privé. Des arbres ont également été ajoutés, mais seulement des essences locales. Enfin, en collaboration avec les associations d'habitants, un verger communal a été réalisé entre le lotissement et le chemin creux existant.

L'idée globale, en minimisant l'impact de la voirie et des découpages publics/privés par l'adoption des haies et l'interdiction de clôtures, est d'assurer la prédominance de la nature par rapport au bâti.
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