Eco-quartiers.fr - Le blog - Octobre 2012 - Rencontre avec Nicolas Cadilhac : favoriser le partage des plantes pour faire réapparaitre les initiatives citoyennes

La rédaction d’eco-quartiers.fr est partie à la rencontre des acteurs qui ont du poids dans la construction de la ville durable. Aujourd’hui, elle donne la parole à Nicolas Cadilhac, fondateur du site PlantCatching. Bonjour Nicolas, comment est née l’initiative PlantCatching et...

Rencontre avec Nicolas Cadilhac : favoriser le partage des plantes pour faire réapparaitre les initiatives citoyennes

PlantCatcing
La rédaction d’eco-quartiers.fr est partie à la rencontre des acteurs qui ont du poids dans la construction de la ville durable. Aujourd’hui, elle donne la parole à Nicolas Cadilhac, fondateur du site PlantCatching.


Bonjour Nicolas, comment est née l’initiative PlantCatching et qu’est-ce qui fait sa singularité ?

J'aime appeler ce projet une initiative citoyenne car elle est née dans l'esprit d'un simple citoyen jardinier. Pour être plus précis, cela fait trois ans que je jardine dans mon petit jardin de ville aux conditions assez difficiles à Montréal et j'ai dépensé beaucoup d'argent en pépinière. Je suis entouré de beaux jardins mais je ne connais pas les propriétaires et ce n'est pas en ville qu'on se parle beaucoup. Imaginez aller sonner à la porte de quelqu'un et lui demander si vous ne pourriez pas avoir un bout de cette plante... pas très faisable. Alors j'ai commencé à rêver d'un outil sur le web qui me permettrait de me connecter aux autres jardiniers de mon quartier et de savoir qui aurait quoi à donner et qui aimerait avoir quoi. Etant développeur web, et parce qu'un tel outil n'existe pas, je me suis mis à la tâche et j'ai dévoilé une première version simple de PlantCatching en avril dernier, histoire de voir s'il y aurait un engouement du public. Je peux affirmer aujourd'hui que l'intérêt est bien là et que je vais continuer plus avant le développement.

PlantCatching est novateur car ce n'est pas un vulgaire site de petites annonces spécialisé en plantes. Lancé en pensant seulement aux jardins ornementaux, ce projet a vite trouvé des oreilles et des yeux attentifs dans le monde de l'agriculture urbaine. PlantCatching pourrait devenir l'outil naturel connu par tous les jardiniers pour accéder sans frais aux plantes, graines, semis, terre et compost nécessaire à la création et au développement des potagers. L'accessibilité à la nourriture s'en trouverait révolutionnée car il n'y a pas de transactions ni de monnaie virtuelle. Une carte, des points verts qui apparaissent, des jardiniers qui peuvent partager la matière vivante et les surplus de récoltes et c'est tout.

D'autre part PlantCatching n'essaye pas de mettre en avant l'échange ou le troc. Il fait la promotion du penchant naturel du jardinier : l'altruisme. Un jardinier va toujours penser à donner de ses surplus (il le fait déjà dans son cercle restreint de voisins, famille et amis). J'ai donc mis en place le don en mode public. Préparer votre plante, imprimez une étiquette depuis le site web et placez le tout devant chez vous ou dans un lieu public. C'est la façon la plus spontanée, rapide et désintéressée de donner. Du même coup, vous avez peut-être attiré un nouvel utilisateur du service puisque l'étiquette va le renvoyer au site web. PlantCatching c'est le partage dans un cercle moins restreint qu'auparavant et donc avec plus de possibilités.


Dans quelle mesure PlantCatching participe à la création de la ville durable ?

Comme mentionné plus haut, il y a actuellement un mouvement qui prend de l'ampleur pour redonner un certain pouvoir sur la nourriture et ses filières au citoyen. Tout comme la pépinière ne devrait pas être la seule option pour le jardinier, le supermarché et l'épicerie, d'où certains enfants pensent que les fruits et les légumes proviennent, ne doivent plus être les seules sources d'approvisionnement de la nourriture. Les fermes urbaines se développent et les producteurs locaux peuvent à nouveau traiter avec le consommateur. Mais pour arriver à faire revenir l'agriculture en ville et pour faire en sorte que le citoyen se la réapproprie, ce dernier doit avoir accès à des ressources, des guides et de l'expertise. C'est tout un ensemble de compétences et de réseaux qui se mettent en place. J'espère bien que PlantCatching sera un des outils, tout aussi humble qu'il soit, qui permettra à l'apprenti jardinier de se fournir en matière vivante. J'aime aussi à penser qu'il sera un vecteur de solidarité entre citoyens.


A quelle image de la ville aspirez-vous, concernant la présence de la nature et des jardins ?

Cette image tient en un bon exemple que nous avons eu ici à 1h de Montréal dans une petite ville. Un couple avait décidé d'éradiquer toute la pelouse devant la façade de leur maison et d'y installer un potager (www.lepotagerurbain.com). Celui-ci a été une extraordinaire réussite avec une abondance de récoltes. Il n'est pas juste utile mais a été conçu avec des critères esthétiques judicieux. Malgré cela, la ville a décidé de modifier ses règlements pour interdire une telle initiative. Pour faire une histoire courte, le couple a décidé de se battre, a reçu un soutien sans précédent hors des frontières et a remporté sa victoire. Comme je l'ai dit un mouvement est lancé. C'est ce genre de jardins que je voudrais voir apparaitre un peu partout à la place des monocultures devenues archaïques et surtout je voudrais que ce soit le citoyen qui agisse de son propre chef sans attendre d'être tenu par la main pour le faire. L'expression PlantCatching a un peu été inventée dans cette veine: "Attraper les plantes" partagées par les autres, c'est un peu le geste naturel et spontané que je voudrais voir se développer dans nos villes.

Merci Nicolas... et bonne récolte pour l'avenir.

Pour aller plus loin :
Le site en Français
Le fil twitter de Nicolas : @PlantCatching
La page Facebook de PlantCatching
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